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jeudi 4 mars 2010

150 ans de presse féminine

Nos kiosques à journaux regorgent de magazines féminins et de nouveaux titres viennent régulièrement grossir les rangs. On pourrait penser que cette surabondance est un phénomène qui fait écho de notre mode actuel de consommation et pourtant il n'en est rien. La presse féminine n'a pas attendu l'arrivée du prêt à porter, dans les années 50, ni l'émergence de la consommation kleenex (les modes sont de plus en plus éphémères), pour connaitre son essor.



En effet, si les premières revues de mode datant de la fin du 18ème siècle n'étaient encore réservées qu'à un public restreint, la modernisation qui accompagne le 19ème siècle (la machine à coudre qui facilite la confection bien sûr mais également l'ouverture des "grands magasins" qui rendent les achats plus aisés en proposant un vaste choix de produits), permet une démocratisation de la mode et offre aux patrons de presse un large public en demande. Ainsi, entre 1871 et 1908, on ne compte pas moins de 180 périodiques de mode!




Evidemment, bien trop de titres pour les citer tous, mais retenons en quelques uns, par ordre de parution :
LE MONITEUR DE LA MODE 1843-1913
LA MODE ILLUSTREE 1860
LE PETIT ECHO DE LA MODE 1880-1983
L ART DE LA MODE 1881-1972
LA MODE PRATIQUE 1892
LA GAZETTE DU BON TON 1912-1925
VOGUE 1921
MARIE CLAIRE 1937
ELLE 1945

Qu'on ne s'étonne pas pour autant d'une telle abondance : à une époque où la presse est le seul média existant, où les déplacements sont réduits à un faible périmètre l'automobile n'ayant pas encore été inventée, et où le prêt à porter n'existe pas encore, la seule façon pour la femme élégante voulant se tenir au courant des dernières modes et trouver des modèles pour confectionner ses robes est de s'abonner à ces périodiques. Ainsi, Le célèbre Petit Echo de la Mode, crée en 1880, tire déjà à 100000 exemplaires en 1887 et, suite à l'ajout d'un patron, passe la barre des 200.000, puis celle des 300.000 en 1900 pour enfin atteindre le million d'exemplaires en 1950.



Pour autant, ces journaux féminins ne résument pas seulement à des tendances mode et autres patrons de couture. En plus de romans feuilleton, ils offrent également des rubriques de divertissements, des conseils en art de vivre, éducation des enfants, décoration, et même hygiéniques. En cela, ils constituent de témoignages colorés d'une époque désormais révolue et peuvent se lire, aujourd'hui, comme une véritable étude socio-historique.

Certains titres sont de véritables ouvrages de luxe axés sur la vie culturelle, littéraire le plus souvent, et offrant de magnifiques gravures ou illustrations (Raoul Duffy pour La Gazette du Bon Ton) et des textes (Cocteau, toujours pour La Gazette du Bon Ton. il n'est pas rare de voir des grands noms de la littérature française associés à certaines revues (Edmond de Goncourt pour l'Art de la Mode). L'usage de la photographie, dans les années 20, soutenu par la crise financière, marquera la fin de cette époque de ces grands journaux esthétiques.



La fin de la seconde guerre mondiale voit la naissance d'un nouveau titre : Elle, dont le premier numéro parait en 1946. Dans cette France qui se relève et où les femmes entendent bien désomais jouer un nouveau rôle. La confection cède peu à peu la place au prêt à porter. Les magazines féminins se doivent d'évoluer pour accompagner ces changements, n'être plus simplement le reflet de la mode, mais bien le reflet de la femme moderne...



Photos : Chapitre.com

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mardi 23 février 2010

Jeanne LANVIN, une success-story au féminin


Après vous avoir parlé de Coco CHANEL et Madeleine VIONNET, voici à présent un autre grand nom féminin de la couture française : Jeanne LANVIN. Si j'ai choisi de parler d'elle ce n'est pas tant pour la qualité de ses créations que pour la réussite faite femme qu'elle représente. En effet, Jeanne LANVIN est ce qu'on appellerait aujourd'hui une self-made woman, partie de rien et arrivée à la tête d'un véritable empire, grâce notamment à des techniques commerciales nouvelles jusqu'alors.

Jeanne LANVIN n'était pas prédestinée à devenir ce grand nom de la mode que l'on connaît aujourd'hui. Née en 1867 dans une famille relativement pauvre (son père travaille au journal Le Rappel, fondé par Victor Hugo), et l'ainée d'une fratrie de 11 enfants, elle commence à travailler à l'âge de 13 ans, en tant que trottin pour le compte d'une modiste, ce qui lui vaut rapidement le surnom de "petite omnibus". A 16 ans, elle rentre chez Madame Félix où elle fait ses armes en tant qu'apprentie modiste.

Deux ans plus tard, en 1885, elle décide, bille en tête, de se mettre à son compte avec pour toute et seule garantie, un louis d'or, une avance consentie par ses fournisseurs et un optimisme sans faille. Elle consacre toute son énergie à son activité, travaillant d'arrache-pied de jour comme de nuit, gérant elle-même chaque étape de la vente, de la création à la livraison. Et la persévérance paye puisqu'elle obtient rapidement un certain succès auprès d'une clientèle aisée séduite par la simplicité élégante de ses chapeaux.

En 1895, Jeanne, alors âgée de 28 ans, épouse le comte Emilio di Pietro, un séducteur rencontré au cours d'une de ces mondanités que Jeanne fréquente pour observer ses contemporains et capter l'essence qui inspirera son travail. Si leur mariage est anecdotique tant sur le plan qualitatif que de la durée (ils divorceront en 1903), il donnera à Jeanne la chose la plus précieuse : une fille, Marguerite, née en 1897.


Robes de jeunes filles, 1920
Illustrations Pierre Brissaud

Avec Marguerite, la carrière de Jeanne prend un nouveau tournant. En effet, Jeanne qui confectionne alors des tenues pour sa fille adorée, se voit vite chargée par ses clientes aisées de faire de même pour leurs progénitures. Devant ce succès, Jeanne crée alors un département enfants, une première. En 1908, devant la demande pressante de ses clientes, elle crée le département jeunes filles et femmes.

 
Robes de danse des années 20. Un exemple de créations
influencées par les cultures étrangères, notamment la Grèce

De succès en succès, la maison LANVIN gagne en stature et en réputation, désormais internationale. En 1901, elle crée le premier costume d'Académicien. En 1915, elle franchit l'ocean pour participer à l'Exposition Internationale de San Francisco, et en 1917, redessine même l'uniforme militaire américain. La guerre, qui n'entâche que peu les ventes, oblige Jeanne à composer avec la pénurie de tissu. Alors que Chanel se tourne vers des matières innovantes comme le Jersey, Lanvin elle n'y va pas par quatre chemins et, en femme d'affaires qu'elle est, n'hésite pas à ouvrir sa propre usine textile à Nanterre en 1923.

Robe de Mariée et robe de style, 1927

Côté vie privée, elle se remarie en 1907 avec Xavier Melet, alors journaliste du "Temps". Nommé par la suite consul, Melet emmène sa femme au cours de ses nombreux voyage, ce qui permet à Jeanne de goûter et d'apprécier les autres cultures, tant par leur histoire que leur esthétique. Aspect déterminant qui marquera Jeanne et l'inspirera dorénavant pour son travail. En France, la mode est déjà à l'orientalisme (voir les créations de Paul Poiret) et assure donc aux nouvelles créations de Jeanne un succès immédiat.

Robes de soir, années 30

En 1925, pour l'exposition des Arts Décoratifs, Jeanne Lanvin se voit confier la vice-présidence d pavillon de l'élégance. C'est à cette occasion qu'elle rencontre et commence une longue et féconde collaboration avec l'architecte d'intérieur Armand RATEAU. Non content de rédécorer les appartements de Jeanne, il devient le décorateur exclusif de la maison Lanvin.

Robes du soir, 1937

Jeanne, toujours plus entreprenante, ouvre des succursales dans toutes les villégiatures à la mode (Deauville, Le Touquet, Biarritz, Cannes) et, créant sans cesse de nouveaux départements (LANVIN Tailleurs, LANVIN sport, LANVIN Fourrures, LANVIN Lingerie mais aussi LANVIN Parfums et LANVIN Décoration), se voit bientôt à la tête d'un véritable empire.

Décidemment toujours plus en avance sur le plan marketing, Jeanne Lanvin comprend l'importance de la communication et de l'image. Elle fait des campagnes publicitaires dans toutes sortes de publications, habille les comédiens (elle sera en charge notamment des costumes du film "Les enfants du Paradis" et de nombreuses pièces de Sacha Guitry ), choisit des "égéries" pour  réprésenter la maison LANVIN, et habille des actrices (Yvonne, Printemps, Cécile Sorel, Arletty).

Publicité LANVIN parue dans
l'Officiel de la mode, 1921

En 1938, à 71 ans, elle se voit remettre la légion d'honneur par son ami Guitry et, au lendemain de la guerre, elle décide de prendre sa retraite, en ayant auparavant pris soin d'avoir placé sa famille aux postes clef de la maison LANVIN. Elle meurt en 1946, laissant derrière un empire qui perdurera jusqu'à aujourd'hui. En 1996, après le rachat de LANVIN par le groupe L'Oréal, c'est une page qui se tourne : le département Haute-Couture ferme ses portes pour ne garder que le département Prêt-à-Porter.
Sacha GUITRY remettant la légion
d'honneur à Jeanne LANVIN



Photos : Lanvin, Parisienne de Photographie, L'Internaute.com, Metmuseum, Chicago History Museum

vendredi 19 février 2010

Dans l'intimité de CHANEL



Il y a un an sortait Mademoiselle Coco Chanel, Summer 62, un livre dans lequel Douglas Kirland présentait une série de clichés inédits réalisés, comme son nom l'indique, pendant l'été 1962.



Kirland, alors jeune photographe à Hollywood (il a notamment photographié Marylin Monroe), avait proposé à Chanel de la suivre pendant trois semaines au cours de cet été 62 et, contre toute attente, elle lui donna son accord. Le résultat : des clichés surprenants et attendrissants, humains, loin des photos posées, montrant la grande couturière, vieillissante mais toujours aussi vaillante, dans l'intimité de son quotidien.



Après le livre, l'exposition : depuis le 11 février, et jusqu'au 3 mars 2010, vous pourrez admirer les tirages de Kirland à la Galerie Basia Embiricos (Paris 14ème).


Source : L'Express Style


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dimanche 14 février 2010

Grands Magasins : les nouvelles cathédrales du XIXème siècle



© Crédit photo : Jean Lacombe / document Kawneer

Difficile pour nous qui évoluons aujourd'hui dans une société de surconsommation, de gaspillage même, où le moindre achat est à portée d'un simple clic sur le clavier d'un ordinateur, d'imaginer le changement qu'a pu représenter l'arrivée des Grands Magasins.

Apparus en France dans la moitié du XIXème siècle, dans un climat de prospérité économique, industrielle et technologiques, les Grands Magasins marquent le début d'une nouvelle ère : celle de la grande consommation telle qu'on peut la connaître aujourd'hui. Zola, dont le roman Au Bonheur des Dames (1883) fut directement inspiré par les grands magasins parisiens de l'époque, les qualifia de "cathédrales du commerce".


En effet, ces temples de la consommations, à la différence des petits commerces habituels, ont l'avantage de présenter aux clientes, réunis sur une très grandes surfaces en accès libre, à prix affichés fixes et à marge réduite, une large gamme d'articles divers, de l'habillement jusqu'aux meubles en passant par l'alimentation. Ils proposent également la nouveauté de pouvoir commander sur catalogue.


Les premiers grands magasins français voient le jour à Paris avec le célèbre Au Bon Marché d'Aristide Boucicaut, en 1852, suivi par Les Grands Magasins du Louvre, en 1855. S'ajouteront rapidement notamment les grands magasins du Printemps (1865), La Samaritaine (1869), Le Bazar de l'Hotel de Ville (BHV), et les Galeries Lafayette (1908).


L'architecture des bâtiments de ces grandes enseignes, encore présentes aujourd'hui pour certaines, sont de magnifiques témoignages d'une époque faste emprunte de progrès, d'insouciance, marquée notamment par les expositions universelles mais aussi du grand projet de rénovation et de transformation du plan de Paris, sous la direction du grand Baron HAUSSMANN.




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Madeleine VIONNET, la méconnue


J'en ai parlé dans mon billet consacré à CHANEL, Madeleine VIONNET est l'une des autres grandes figures de la mode au début du XXème siècle. Malheureusement, et contrairement à sa consoeur, elle tombera dans l'oubli suite à la fermeture de sa maison de couture, en 1939. C'est d'autant plus regrettable que son travail, tout comme celui de Chanel, s'inscrit dans un mouvement de libération et d'émancipation de la femme passant par la libération du corps des entraves du vêtement.

En effet, comme Chanel, Vionnet est une féministe avant l'heure, et entend bien s'affranchir de sa condition de femme soumise. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, elle n'hésite à quitter son mari pour mener son chemin et parfaire son apprentissage de la couture en Angleterre, avant de rentrer à Paris où elle sera engagée par la maison des soeurs Callot (elles aussi tombées dans l'oubli le plus total aujourd'hui).

A propos des soeurs Callot, Vionnet a eu ce mot : "Grâce [à elles], j'ai pu faire des Rolls Royce. Sans elles, j'aurais fait des Ford". Cet hommage aux soeurs Callots ne cacherait-il pas en réalité une pique destinée à sa concurrente Chanel dont la fameuse petite robe noire fut baptisée la "Ford de Chanel"...


Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas Chanel mais bien Madeleine Vionnet fut la première à faire tomber le corset (qu'elle qualifie d'"orthopédique"), à la fin des années 1900, alors qu'elle travaille à la maison DOUCET. Jacques Doucet apprécie peu ce changement et, suite à plusieurs divergences stylistiques, malgré le grand succès que remportent ses créations auprès du public, Vionnet quitte la maison Doucet et ouvre sa propre maison en 1912, rue de Rivoli. C'est le succès immédiat, succès qui lui permet d'ouvrir, en 1924, une deuxième boutique à New York.


Vionnet entend bien, débarrasser le vêtement féminin de toutes ses franfreluches inutiles, en préférant la simplicité. Faisant preuve d'une maîtrise technique rare, elle axe alors son travail sur la recherche de la pureté des lignes. Ce travail de la forme et de la géométrie, cette pureté dans l'architecture du vêtement la rapproche notamment de la recheche stylistique d'un Le Corbusier. Son style sera marqué par l'utilisation de coupes en biais et de drapés, deux techniques parfaitement maîtrisées qui lui permettent de donner à ses créations un tombé d'une perfection et d'une légèreté nouvelle, de libérer le corps féminin tout en mettant ses formes en valeur.


Lassée de voir ses modèles copiés, Vionnet n'hésite pas à trainer ses contrefacteurs devant les tribunaux au cours d'u procès qui restera dans les annales et qui donnera naissance à la notion de protection de la propriété intellectuelle : la griffe et le copyright étaient nés.

Robe de soir, 1924
Photo Linternaute.com

Autre innovation, sur le plan social cette fois-ci, Vionnet, en femme moderne et avant-gardiste, offre à ses employées de bénéficier des services d'une crèche et de soins médicaux à demeure, ainsi que des congés bien au-delà des normes sociales de l'époque (c'est-à-dire quasi inexistants avant la loi de 1936).

Robes du soir VIONNET, 1938
Photos metmuseum

En 1939, à l'aube de la Première Guerre Mondiale, lasse du chaos et de la folie d'un monde qui se déchire, Vionnet, alors agée de 63 ans et au sommet de sa gloire, décide de prendre sa retraite. L'année suivante, la maison Vionnet est mise en liquidation judiciaire, les employés (plus de 800) sont tous licenciés, c'est la fin d'une histoire. En 1952, elle fera don, au Musée du Costume, d'une collection extraordinaire réunissant quelques 120 robes, plus de 700 patrons et autres albums de copyrights qu'elle a pris soin d'établir. Cette collection est aujourd'hui conservée par le Musée des Arts Décoratifs de Paris qui lui a consacré une magnifique exposition en 2009.


Photos extraites du catalogue de l'exposition du Musée des Arts Décoratifs, sauf mention contraire
Sources : Wikipedia et Musée des Arts décoratifs

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samedi 13 février 2010

La révolution CHANEL

Et puisque j'ai commencé ce blog en faisant référence à mademoiselle CHANEL, c'est elle qui fournira donc matière à mon premier article.

Je ne vous retracerai pas la biographie de Gabrielle CHANEL, alias COCO CHANEL, les autres s'en sont chargé pour moi : 2009 fut L'Année COCO CHANEL, avec son cortège de biographies, de beaux-livres, de biopics télé, sans compter le fameux long-métrage avec Audrey Tautou. Tout cela avec plus ou moins d'exactitude et de réussite certes, mais cela aura eu l'avantage de vous avoir familiarisé avec "le monstre".

Quand j'emploie le terme "monstre", ce n'est pas tant pour faire référence à son légendaire mauvais caractère que pour parler d'une créatrice acharnée de travail qui, si l'on en croit l'Histoire, a tout balayé sur son passage en établissant de nouvelles normes.

J'ai rendu au corps des femmes sa liberté; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage
Difficile de comprendre le travail novateur de Chanel si on ne connait pas la mode et les usages de l'époque. Au début du XXème siècle, la mode féminine était, il faut le dire, une cage dorée. Très jolie, très élégante, mais pas pratique pour un sous (cela dit on ne demandait pas aux femmes autre chose que d'être élégantes). Une tenue se composait tout d'abord pour la partie "dessous" d'un corset, de pantalons (l'ancêtre de la culotte actuelle), de jupons, et de bas. Puis par-dessus venaient s'ajouter la robe, parfois un faux col, les gants, et le chapeau (cela ne se fait pas de sortir "en cheveux") souvent réhaussé de plumes et autres décorations. Le corset très serré afin d'amincir la taille (parfois jusqu'à déformer le corps) limitait les mouvements de celle qui le portait, et il n'est pas rare de voir certaines femmes s'évanouir tant le corset les oppressait.

Chanel a bien compris que l'émancipation de la femme devait tout d'abord passer par une libération du corps. Abolition du corset, simplification de la tenue, choix de matière et de coupes souples, bref, des vêtement à vivre. Pour autant, le chic et l'élégance restent de mise en ne négligeant surtout pas les bijoux et les accessoires.

A ceux qui l'ont taxée de faire de la couture "pauvre" à cause de la simplicité des coupes et des tissus qu'elle emploie (par exemple le jersey, tissu qui servait à confectionner les maillots des militaires, qu'elle a acheté pendant la pénurie de tissu en temps de guerre, le tweed plus tard, ou ses bijoux en toc), elle leur rétorquera qu'il ne faut pas confondre simplicité à pauvreté. Le mouvement "less is more" avant l'heure s'il en est.

Robes de jour CHANEL, 1923 et 1927
Photo Metmuseum

Chanel voulait une mode confortable et élégante qui permette aux femmes de vivre, de bouger, de travailler, bref une mode qui ne s'attache pas seulement à l"apparat, loin de la femme objet, une mode qui "descende dans la rue" et pour cela elle a su mélanger les codes masculin/féminin. Sa signature la plus évocatrice reste certaine le fameux "tailleur Chanel", crée dans les années 50 et pourtant indémodable. Cette veste n'est pourtant rien d'autre que l'adaptation d'une simple veste militaire, faite en tweed, à laquelle elle a rajouté des boutons dorés.

Aujourd'hui, il est du plus chic effet de marier une veste de tailleur Chanel avec un jean. Je suis sûre que "mademoiselle" ne s'en serait pas offusquée : après tout le jean était à l'origine un tissu servant à confectionner des vêtements ouvriers (le jean, appelé aussi Denim pour "toile de Nimes", était le pantalon des chercheurs d'or aux Etats-Unis), tout comme le Jersey que Chanel a détourné de sa fonction première pour confectionner ses tailleurs.

On le voit, les grandes idées ne sont pas forcément les plus compliquées. Le grand mérite de Chanel, c'est qu'elle a su adapter le vêtement au corps, et non plus l'inverse, et répondre ainsi à un besoin : celui d'une femme dont le statut changeait. C'est cela la révolution Chanel.

Mais c'est bien connu, l'Histoire refait les légendes. Sans vouloir polémiquer, ni enlever un quelconque mérite à Coco Chanel, il convient tout de même de rectifier certaines fausses idées reprises notamment dans le film "Coco avant Chanel". Ce film a su replacer le parcours créateur de Coco Chanel dans son contexte, en expliquant comment et pourquoi est né le style CHANEL. Pourtant, à trop vouloir prendre partie, on se perd parfois dans l'inexactitude (la réalisatrice du film a d'ailleurs reconnu avoir changé quelques faits biographiques pour rester dans l'esprit conducteur).

CHANEL ne fut pas la seule à oeuvrer pour la libération des corps et parallèlement à l'émancipation de la femme. Ainsi donc, rendons à César ce qui est à César, ce n'est pas elle qui fut l'instigatrice de l'abolition du corset mais Madeleine VIONNET, grande couturière innovatrice, malheureusement tombée dans l'oubli (heureusement cette injustice a été réparée l'année dernière par une magnifique exposition de ses créations). C'est elle qui a, la première, dans les années 1900 alors qu'elle travaillait chez la maison DOUCET,  non seulement dégagé le corset, mais également libéré le corps de la femme en créant des robes à coupes souples grâce à des effets de drapés. Elle a ensuite été suivie par son confrère Paul POIRET (et oui, le fameux Paul POIRET tant vilipendé dans le film Coco avant Chanel et par Chanel elle-même en son temps). Mais je vous parlerai de VIONNET et de POIRET un autre jour..



Photos d'époque avec l'aimable autorisation de la Parisienne de Photographie

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