Et puisque j'ai commencé ce blog en faisant référence à mademoiselle CHANEL, c'est elle qui fournira donc matière à mon premier article.
Je ne vous retracerai pas la biographie de Gabrielle CHANEL, alias COCO CHANEL, les autres s'en sont chargé pour moi : 2009 fut L'Année COCO CHANEL, avec son cortège de biographies, de beaux-livres, de biopics télé, sans compter le fameux long-métrage avec Audrey Tautou. Tout cela avec plus ou moins d'exactitude et de réussite certes, mais cela aura eu l'avantage de vous avoir familiarisé avec "le monstre".
Quand j'emploie le terme "monstre", ce n'est pas tant pour faire référence à son légendaire mauvais caractère que pour parler d'une créatrice acharnée de travail qui, si l'on en croit l'Histoire, a tout balayé sur son passage en établissant de nouvelles normes.
J'ai rendu au corps des femmes sa liberté; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage
Difficile de comprendre le travail novateur de Chanel si on ne connait pas la mode et les usages de l'époque. Au début du XXème siècle, la mode féminine était, il faut le dire, une cage dorée. Très jolie, très élégante, mais pas pratique pour un sous (cela dit on ne demandait pas aux femmes autre chose que d'être élégantes). Une tenue se composait tout d'abord pour la partie "dessous" d'un corset, de pantalons (l'ancêtre de la culotte actuelle), de jupons, et de bas. Puis par-dessus venaient s'ajouter la robe, parfois un faux col, les gants, et le chapeau (cela ne se fait pas de sortir "en cheveux") souvent réhaussé de plumes et autres décorations. Le corset très serré afin d'amincir la taille (parfois jusqu'à déformer le corps) limitait les mouvements de celle qui le portait, et il n'est pas rare de voir certaines femmes s'évanouir tant le corset les oppressait.
Chanel a bien compris que l'émancipation de la femme devait tout d'abord passer par une libération du corps. Abolition du corset, simplification de la tenue, choix de matière et de coupes souples, bref, des vêtement à vivre. Pour autant, le chic et l'élégance restent de mise en ne négligeant surtout pas les bijoux et les accessoires.
Chanel a bien compris que l'émancipation de la femme devait tout d'abord passer par une libération du corps. Abolition du corset, simplification de la tenue, choix de matière et de coupes souples, bref, des vêtement à vivre. Pour autant, le chic et l'élégance restent de mise en ne négligeant surtout pas les bijoux et les accessoires.
A ceux qui l'ont taxée de faire de la couture "pauvre" à cause de la simplicité des coupes et des tissus qu'elle emploie (par exemple le jersey, tissu qui servait à confectionner les maillots des militaires, qu'elle a acheté pendant la pénurie de tissu en temps de guerre, le tweed plus tard, ou ses bijoux en toc), elle leur rétorquera qu'il ne faut pas confondre simplicité à pauvreté. Le mouvement "less is more" avant l'heure s'il en est.
Robes de jour CHANEL, 1923 et 1927
Photo Metmuseum
Chanel voulait une mode confortable et élégante qui permette aux femmes de vivre, de bouger, de travailler, bref une mode qui ne s'attache pas seulement à l"apparat, loin de la femme objet, une mode qui "descende dans la rue" et pour cela elle a su mélanger les codes masculin/féminin. Sa signature la plus évocatrice reste certaine le fameux "tailleur Chanel", crée dans les années 50 et pourtant indémodable. Cette veste n'est pourtant rien d'autre que l'adaptation d'une simple veste militaire, faite en tweed, à laquelle elle a rajouté des boutons dorés.
Aujourd'hui, il est du plus chic effet de marier une veste de tailleur Chanel avec un jean. Je suis sûre que "mademoiselle" ne s'en serait pas offusquée : après tout le jean était à l'origine un tissu servant à confectionner des vêtements ouvriers (le jean, appelé aussi Denim pour "toile de Nimes", était le pantalon des chercheurs d'or aux Etats-Unis), tout comme le Jersey que Chanel a détourné de sa fonction première pour confectionner ses tailleurs.
On le voit, les grandes idées ne sont pas forcément les plus compliquées. Le grand mérite de Chanel, c'est qu'elle a su adapter le vêtement au corps, et non plus l'inverse, et répondre ainsi à un besoin : celui d'une femme dont le statut changeait. C'est cela la révolution Chanel.
Mais c'est bien connu, l'Histoire refait les légendes. Sans vouloir polémiquer, ni enlever un quelconque mérite à Coco Chanel, il convient tout de même de rectifier certaines fausses idées reprises notamment dans le film "Coco avant Chanel". Ce film a su replacer le parcours créateur de Coco Chanel dans son contexte, en expliquant comment et pourquoi est né le style CHANEL. Pourtant, à trop vouloir prendre partie, on se perd parfois dans l'inexactitude (la réalisatrice du film a d'ailleurs reconnu avoir changé quelques faits biographiques pour rester dans l'esprit conducteur).
CHANEL ne fut pas la seule à oeuvrer pour la libération des corps et parallèlement à l'émancipation de la femme. Ainsi donc, rendons à César ce qui est à César, ce n'est pas elle qui fut l'instigatrice de l'abolition du corset mais Madeleine VIONNET, grande couturière innovatrice, malheureusement tombée dans l'oubli (heureusement cette injustice a été réparée l'année dernière par une magnifique exposition de ses créations). C'est elle qui a, la première, dans les années 1900 alors qu'elle travaillait chez la maison DOUCET, non seulement dégagé le corset, mais également libéré le corps de la femme en créant des robes à coupes souples grâce à des effets de drapés. Elle a ensuite été suivie par son confrère Paul POIRET (et oui, le fameux Paul POIRET tant vilipendé dans le film Coco avant Chanel et par Chanel elle-même en son temps). Mais je vous parlerai de VIONNET et de POIRET un autre jour..
Photos d'époque avec l'aimable autorisation de la Parisienne de Photographie
Photos d'époque avec l'aimable autorisation de la Parisienne de Photographie