dimanche 14 février 2010

Le Musée de Montmartre ne mourra pas

Il y a quelques mois, on apprenait que les élus des Mairies du 18° arrondissement et de Paris avaient décidé d'annuler, pour cause de "gestion chaotique", leurs subventions qu'ils accordaient jusqu'alors au Musée de Montmartre, le mettant ainsi en péril. Cette décision a provoqué un tollé auprès du public qui s'est mobilisé pour faire connaitre son mécontentement (la pétition a réuni plus de 10000 signatures).

Qu'on se réjouisse : la Mairie de Paris est finalement revenue sur sa décision. Le Musée ne mettre donc pas la clef sous la porte, en tout cas pour le moment. Car s'il peut rester ouvert, c'est surtout grâce à l'intervention d'un mécène qui, en injectant des capitaux, a permis au Musée de rassurer la mairie quant à sa situation financière à court et moyen terme.

Ce petit musée au charme suranné, fondé par la "société du Vieux Montmartre" et installé depuis 1960 rue Cortot, dans l'une des dernières demeures (et la plus ancienne) du quartier, entourée d'un jardin d'Eden, nous rappelle qu'avant de devenir ce quartier hyper-touristique qu'il est aujourd'hui, Montmartre n'était qu'un petit village où, il n'y a pas encore si longtemps, les ailes des moulins fendaient le ciel et les raisins des vignes pentues mûrissait au soleil.

Il retrace ainsi, à travers ses différentes collections et expositions temporaires, toute l'histoire de ce village rattaché à la ville de Paris en 1860, en accordant bien sûr une place particulière à ce qui lui a donné son image de marque : l'âge d'or d'un style de vie bohème et canaille marqué par les cabarets et autres lieux colorés (Le Chat Noir, Le Lapin Agile, Le Moulin Rouge) et les nombreux peintres (Toulouse-Lautrec, Van Gogh pour ne citer qu'eux) qui y installent leurs ateliers. 


 

Ce musée est un véritable bijou, n'attendez pas qu'il soit à nouveau en passe de fermer ses portes pour le visiter.

Musée de Montmartre
12 rue Cortot, Paris 18°

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Grands Magasins : les nouvelles cathédrales du XIXème siècle



© Crédit photo : Jean Lacombe / document Kawneer

Difficile pour nous qui évoluons aujourd'hui dans une société de surconsommation, de gaspillage même, où le moindre achat est à portée d'un simple clic sur le clavier d'un ordinateur, d'imaginer le changement qu'a pu représenter l'arrivée des Grands Magasins.

Apparus en France dans la moitié du XIXème siècle, dans un climat de prospérité économique, industrielle et technologiques, les Grands Magasins marquent le début d'une nouvelle ère : celle de la grande consommation telle qu'on peut la connaître aujourd'hui. Zola, dont le roman Au Bonheur des Dames (1883) fut directement inspiré par les grands magasins parisiens de l'époque, les qualifia de "cathédrales du commerce".


En effet, ces temples de la consommations, à la différence des petits commerces habituels, ont l'avantage de présenter aux clientes, réunis sur une très grandes surfaces en accès libre, à prix affichés fixes et à marge réduite, une large gamme d'articles divers, de l'habillement jusqu'aux meubles en passant par l'alimentation. Ils proposent également la nouveauté de pouvoir commander sur catalogue.


Les premiers grands magasins français voient le jour à Paris avec le célèbre Au Bon Marché d'Aristide Boucicaut, en 1852, suivi par Les Grands Magasins du Louvre, en 1855. S'ajouteront rapidement notamment les grands magasins du Printemps (1865), La Samaritaine (1869), Le Bazar de l'Hotel de Ville (BHV), et les Galeries Lafayette (1908).


L'architecture des bâtiments de ces grandes enseignes, encore présentes aujourd'hui pour certaines, sont de magnifiques témoignages d'une époque faste emprunte de progrès, d'insouciance, marquée notamment par les expositions universelles mais aussi du grand projet de rénovation et de transformation du plan de Paris, sous la direction du grand Baron HAUSSMANN.




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Madeleine VIONNET, la méconnue


J'en ai parlé dans mon billet consacré à CHANEL, Madeleine VIONNET est l'une des autres grandes figures de la mode au début du XXème siècle. Malheureusement, et contrairement à sa consoeur, elle tombera dans l'oubli suite à la fermeture de sa maison de couture, en 1939. C'est d'autant plus regrettable que son travail, tout comme celui de Chanel, s'inscrit dans un mouvement de libération et d'émancipation de la femme passant par la libération du corps des entraves du vêtement.

En effet, comme Chanel, Vionnet est une féministe avant l'heure, et entend bien s'affranchir de sa condition de femme soumise. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, elle n'hésite à quitter son mari pour mener son chemin et parfaire son apprentissage de la couture en Angleterre, avant de rentrer à Paris où elle sera engagée par la maison des soeurs Callot (elles aussi tombées dans l'oubli le plus total aujourd'hui).

A propos des soeurs Callot, Vionnet a eu ce mot : "Grâce [à elles], j'ai pu faire des Rolls Royce. Sans elles, j'aurais fait des Ford". Cet hommage aux soeurs Callots ne cacherait-il pas en réalité une pique destinée à sa concurrente Chanel dont la fameuse petite robe noire fut baptisée la "Ford de Chanel"...


Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas Chanel mais bien Madeleine Vionnet fut la première à faire tomber le corset (qu'elle qualifie d'"orthopédique"), à la fin des années 1900, alors qu'elle travaille à la maison DOUCET. Jacques Doucet apprécie peu ce changement et, suite à plusieurs divergences stylistiques, malgré le grand succès que remportent ses créations auprès du public, Vionnet quitte la maison Doucet et ouvre sa propre maison en 1912, rue de Rivoli. C'est le succès immédiat, succès qui lui permet d'ouvrir, en 1924, une deuxième boutique à New York.


Vionnet entend bien, débarrasser le vêtement féminin de toutes ses franfreluches inutiles, en préférant la simplicité. Faisant preuve d'une maîtrise technique rare, elle axe alors son travail sur la recherche de la pureté des lignes. Ce travail de la forme et de la géométrie, cette pureté dans l'architecture du vêtement la rapproche notamment de la recheche stylistique d'un Le Corbusier. Son style sera marqué par l'utilisation de coupes en biais et de drapés, deux techniques parfaitement maîtrisées qui lui permettent de donner à ses créations un tombé d'une perfection et d'une légèreté nouvelle, de libérer le corps féminin tout en mettant ses formes en valeur.


Lassée de voir ses modèles copiés, Vionnet n'hésite pas à trainer ses contrefacteurs devant les tribunaux au cours d'u procès qui restera dans les annales et qui donnera naissance à la notion de protection de la propriété intellectuelle : la griffe et le copyright étaient nés.

Robe de soir, 1924
Photo Linternaute.com

Autre innovation, sur le plan social cette fois-ci, Vionnet, en femme moderne et avant-gardiste, offre à ses employées de bénéficier des services d'une crèche et de soins médicaux à demeure, ainsi que des congés bien au-delà des normes sociales de l'époque (c'est-à-dire quasi inexistants avant la loi de 1936).

Robes du soir VIONNET, 1938
Photos metmuseum

En 1939, à l'aube de la Première Guerre Mondiale, lasse du chaos et de la folie d'un monde qui se déchire, Vionnet, alors agée de 63 ans et au sommet de sa gloire, décide de prendre sa retraite. L'année suivante, la maison Vionnet est mise en liquidation judiciaire, les employés (plus de 800) sont tous licenciés, c'est la fin d'une histoire. En 1952, elle fera don, au Musée du Costume, d'une collection extraordinaire réunissant quelques 120 robes, plus de 700 patrons et autres albums de copyrights qu'elle a pris soin d'établir. Cette collection est aujourd'hui conservée par le Musée des Arts Décoratifs de Paris qui lui a consacré une magnifique exposition en 2009.


Photos extraites du catalogue de l'exposition du Musée des Arts Décoratifs, sauf mention contraire
Sources : Wikipedia et Musée des Arts décoratifs

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